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MessageSujet: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 15:43

Anna Gavalda, Happy Meal

Cette fille, je l’aime. J’ai envie de lui faire plaisir. J’ai envie de l’inviter à déjeuner.
M’asseoir près d’elle, regarder son profil, regarder les gens tout autour et tout laisser refroidir. Je l’aime.
« D’accord, me dit-elle, mais on va au McDonald. » Elle n’attend pas que je
bougonne. « Cela fait si longtemps…ajoute-t-elle en posant son livre près
d’elle, si longtemps… »
Elle exagère, ça fait moins de deux mois. Je sais compter.
Mais bon. Cette jeune personne aime les nuggets et la sauce barbecue, qu’y puis-je?
Si on reste ensemble assez longtemps, je lui apprendrai autre chose. Je lui
apprendrai la sauce gribiche et les crêpes Suzette par
exemple. Si on reste ensemble assez longtemps, je lui apprendrai que les garçons
des grandes brasseries n’ont pas le droit de toucher nos serviettes, qu’ils les font
glisser en soulevant la première assiette. Elle sera bien étonnée.
Il y a tellement de choses que je voudrais lui montrer… Tellement de choses. Mais
je ne dis rien. Je prends mon pardessus en silence. Je sais comment sont les filles
avec l’avenir : juste prometteuses. Je préfère l’emmener dans ce zut! de McDo et
la rendre heureuse un jour après l’autre.
Dans la rue, je la complimente sur ses chaussures. Elle s’en offusque : « Ne me dis
pas que tu ne les avais jamais vues, je les ai depuis Noël ! » Je pique du nez, elle
me sourit, alors je la complimente sur ses chaussettes. Elle me dit que je suis bête.
Tu penses si je le savais. C’est la plus jolie fille de la rue.
J’éprouve un haut-le-coeur en poussant la porte. D’une fois sur l’autre, j’oublie à
quel point je hais le McDonald. Cette odeur : graillon, laideur et vulgarité mélangés. Pourquoi les serveuses se laissent-elles ainsi enlaidir ? Pourquoi porter cette visière insensée ? Pourquoi les gens font-ils la queue ? Pourquoi cette
musique d’ambiance ? Et pour quelle ambiance ? Je trépigne, les gens devant nous
sont en survêtement. Les femmes sont laides et les hommes sont gros. J’ai déjà du
mal avec l’humanité, je ne devrais pas venir dans ce genre d’endroit. Je me tiens droit et regarde loin devant, le plus loin possible : le prix du menu best-of McDeluxe.
Elle le sent, elle sent ces choses. Elle prend ma main et la presse doucement. Elle
ne me regarde pas. Je me sens mieux. Son petit doigt caresse l’intérieur de ma
paume et mon coeur fait zigzague.
Elle change d’avis plusieurs fois. Comme dessert, elle hésite entre un milkshake ou un sundae caramel. Elle retrousse son mignon petit nez et tortille une mèche de cheveux. La serveuse est fatiguée et moi, je suis ému. Je porte nos deux plateaux.
Elle se retourne vers moi :
- Tu préfères le coin fumeur, j’imagine ?
- Je hausse les épaules.
- Si. Tu préfères. Je le sais bien.
Elle m’ouvre la voie. Ceux qui sont mal assis raclent leur chaise à son passage.
Des visages se tournent. Elle ne les voit pas. Impalpable dédain de celles qui se savent belles. Elle cherche un petit coin où nous serons
bien tous les deux. Elle a trouvé, me sourit encore, je ferme les yeux en signe
d’acquiescement (pour dire que je suis d’accord). Je pose notre pitance sur
une table dégueulasse. Elle défait lentement son écharpe, dodeline trois fois de la
tête avant de laisser voir son cou gracile. Je reste debout comme un grand nigaud.
- Pourquoi tu ne t’assieds pas ?
- Je te regarde.
- Tu me regarderas plus tard. Ça va être froid.
- Tu as raison.
- J’ai toujours raison.
- Presque toujours.
Petite grimace.
J’allonge mes jambes dans l’allée. Je ne sais pas par quoi commencer. J’ai déjà
envie de fumer. Je n’aime rien de tous ces machins emballés.
J’ai un moment de doute. Que fais-je ici ? Avec mon immense amour et ma
pochette turquoise. J’ai ce réflexe imbécile de chercher un couteau et une
fourchette. Elle me dit :
- Tu n’es pas heureux ?
- Si, si.
- Alors mange !
Je m’exécute. Elle ouvre délicatement sa boîte de nuggets comme s’il s’était agi
d’un coffret à bijoux. (…) Elle trempe ses morceaux de poulet décongelés dans
leur sauce chimique. Elle se régale.
- Tu aimes vraiment ça ?
- Vraiment.
- Mais pourquoi ?
Sourire triomphal.
- Parce que c’est bon.
Elle me fait sentir que je suis un ringard, ça se voit dans ses yeux.
Mais du moins le fait-elle tendrement. Pourvu que ça dure, sa tendresse. Pourvu
que ça dure.
Qu’est-ce que j’aime le plus chez elle ? En numéro un je mettrai ses sourcils.
Elle a de très jolis sourcils. En numéro deux, ses lobes d’oreilles. Parfaits. Ses
oreilles ne sont pas percées. J’espère qu’elle n’aura jamais cette idée saugrenue.
Je l’en empêcherai. En numéro trois, quelque chose de très délicat à décrire… En
numéro trois j’aime son nez ou, plus exactement, les ailes de son nez. En numéro
quatre…
Mais déjà le charme est rompu : elle a senti que je la regardais et minaude
en pinçant sa paille. Je me détourne. Je cherche mon paquet de
tabac en tâtant toutes mes poches.
- Tu l’as mis dans ta veste.
- Merci.
- Qu’est-ce que tu ferais sans moi, hein ?
- Rien.
Je lui souris en me roulant une cigarette.
- …mais je ne serais pas obligé d’aller au McDo le samedi après-midi. (…)
Je réfléchis à ce que nous allons faire ensuite… Où vais-je l’emmener ? Que
vais-je faire d’elle ? Me donnera-t-elle sa main, tout à l’heure, quand nous
serons de nouveau dans la rue ? Reprendra-t-elle son charmant pépiement là où elle l’avait laissé en entrant ? Où en était elle
d’ailleurs ?... Je crois qu’elle me parlait des vacances… Où irons-nous en
vacances cet été ?... Mon dieu ma chérie, mais je ne le sais pas moi-même… te
rendre heureuse un jour après l’autre, je peux essayer, mais me demander ce que
nous ferons dans six mois… Comme tu y vas… Il faut donc que je trouve un sujet
de conversation en plus d’une destination de promenade.
Les bouquinistes peut-être… elle va râler… « Encore ! » Non, elle ne va pas
râler. Elle aussi aime me faire plaisir. Et puis, pour sa main, elle me la donnera, je
le sais bien.
Elle plie sa serviette en deux avant de s’essuyer la bouche. En se levant, elle
lisse sa jupe et réajuste le col de son chemisier. Elle prend son sac et me désigne
du regard l’endroit où je dois reposer nos plateaux.
Je lui tiens la porte. Le froid nous surprend. Elle refait le noeud de son écharpe
et sort ses cheveux de dessous son manteau. Elle se tourne vers moi. Je me suis
trompé, elle ne me donnera pas sa main puisque c’est mon bras qu’elle prend.
Cette fille, je l’aime. C’est la mienne.
Elle s’appelle Valentine et n’a que sept ans.

____________________________________

Vous venez de vous faire piéger!!!


Dernière édition par gougouj le Mer 21 Sep - 16:14, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 15:50

Euh.... j'ai pas compris ta nouvelle à chute [FIC] nouvelle à chute 1 4287546312
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:15

ça va mieux maintenant que j'ai réédit? Cool
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:29

Oui, là j'ai compris, c'est vraiment une nouvelle à chute
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:31

dsl c'est le lien qui a pas fait son boulot!!!! Evil or Very Mad
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:37

Lucien était douillettement recroquevillé sur lui-même. C’était sa position favorite. Il ne s’était jamais senti aussi détendu, heureux de vivre. Son corps était au repos, léger, presque aérien. Il se sentait flotter. Pourtant il n’avait absorbé aucune drogue pour accéder à cette sorte de béatitude. Lucien était calme et serein naturellement ; bien dans sa peau, comme on dit. Un bonheur égoïste, somme toute.
La nuit même, le malheureux fut réveillé par des douleurs épouvantables. Il était pris dans un étau, broyé par les mâchoires féroces de quelque fléau. Quel était ce mal qui lui fondait dessus ? Et pourquoi sur lui plutôt que sur un autre ? Quelle punition lui était donc infligée ? « C’est la fin », se dit-il.
Il s’abandonna à la souffrance en fermant les yeux, incapable de résister à ce flot qui le submergeait, l’entraînant loin des rivages familiers. Il n’avait plus la force de bouger. Un carcan l’emprisonnait de la tête aux pieds. Il se sentait emporté vers un territoire inconnu qui l’effrayait déjà. Il crut entendre une musique abyssale. Sa résistance faiblissait. Le néant l’attirait.
Un sentiment de solitude l’envahit. Il était seul dans son épreuve. Personne pour l’aider. Il devrait franchir le passage en solitaire. Pas moyen de faire autrement. « C’est la fin », se répéta-t-il.
La douleur finit par être si forte qu’il faillit perdre la raison. Et puis, soudain, ce fut comme si les mains de Dieu l’écartelaient. Une lumière intense l’aveugla. Ses poumons s’embrasèrent. Il poussa un cri.
En le tirant par les pieds, la sage-femme s'exclama, d'une voix tonitruante : C'est un garçon!
Lucien était né.


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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:40

Lucien, je la connais, elle est cool !
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:48

Bien sûr, tout n'avait pas toujours marché comme elle l'aurait souhaité pendant toutes ces années; mais tout de même, cela lui faisait drôle de se retrouver seule, assise à la grande table en bois. On lui avait pourtant souvent dit que c'était là le moment le plus pénible, le retour du cimetière. Tout s'était bien passé, tout se passe toujours bien d'ailleurs. L'église était pleine. Au cimetière, il lui avait fallu se faire embrasser par tout le village. Jusqu'à la vieille Thibault qui était là, elle qu'on n'avait pas vue depuis un an au moins. Depuis l'enterrement d'Émilie Martin en fait. Et encore, y était-elle seulement, à l'enterrement d'Émilie Martin ?

Impossible de se souvenir. Par contre, Angèle aurait sans doute pu citer le nom de tous ceux qui étaient là aujourd'hui. André, par exemple, qui lui faisait tourner la tête, au bal, il y a bien quarante ans de cela. C'était avant que n'arrive Baptiste. Baptiste et ses yeux bleus, Baptiste et ses chemises à fleurs, Baptiste et sa vieille bouffarde, qu'il disait tenir de son père, qui lui-même... En fait ce qui lui avait déplu aujourd'hui, ç'avait été de tomber nez à nez avec Germaine Richard, à la sortie du cimetière. Celle-là, à soixante ans passés, elle avait toujours l'air d'une catin. Qu'elle était d'ailleurs.

Angèle se leva. Tout cela était bien fini maintenant. Il fallait que la mort quitte la maison. Les bougies tout d'abord. Et puis les chaises, serrées en rang d'oignon le long du lit. Ensuite, le balai. Un coup d'œil au jardin en passant. Non, décidément, il n'était plus là, penché sur ses semis, essayant pour la troisième fois de la journée de voir si les radis venaient bien. Il n'était pas non plus là-bas, sous les saules. Ni même sous le pommier, emplissant un panier. Vraiment, tout s'était passé très vite, depuis le jour où en se réveillant, il lui avait dit que son ulcère recommençait à le taquiner. Il y était pourtant habitué, depuis le temps. Tout de même, il avait bientôt fallu faire venir le médecin. Mais celui, il le connaissait trop bien pour s'inquiéter vraiment. D'ailleurs, Baptiste se sentait déjà un peu mieux... Trois semaines plus tard, il faisait jurer à Angèle qu'elle ne les laisserait pas l'emmener à l'hôpital. Le médecin était revenu. Il ne comprenait pas. Rien à faire, Baptiste, tordu de douleur sur son lit, soutenait qu'il allait mieux, que demain, sans doute, tout cela serait déjà oublié. Mais, quand il était seul avec elle, il lui disait qu'il ne voulait pas mourir à l'hôpital. Il savait que c'était la fin, il avait fait son temps. La preuve, d'autres, plus jeunes, étaient partis avant lui... Il aurait seulement bien voulu tenir jusqu'à la Saint-Jean. Mais cela, il ne le disait pas. Angèle le savait, et cela lui suffisait. La Saint-Jean il ne l'avait pas vue cette année. Le curé était arrivé au soir, Baptiste était mort au petit jour. Le mal qui lui sciait le corps en deux avait triomphé. C'était normal.

Angèle ne l'avait pas entendue arriver. Cécile, après s'être changée, était venue voir si elle n'avait besoin de rien. De quoi aurait-elle pu voir besoin ? Angèle la fit asseoir. Elles parlèrent. Enfin, Cécile parla. De l'enterrement bien sûr, des larmes de quelques-uns, du chagrin de tous. Angèle l'entendait à peine.

Baptiste et elle n'étaient jamais sortis de Sainte-Croix, et elle le regrettait un peu. Elle aurait surtout bien aimé aller à Lourdes. Elle avait dû se contenter de processions télévisées. Elle l'avait aimé son Baptiste dès le début, ou presque. Pendant les premières années de leur mariage elle l'accompagnait aux champs pour lui donner la main. Mais depuis bien longtemps, elle n'en avait plus la force. Alors elle l'attendait veillant à ce que le café soit toujours chaud, sans jamais être bouillant.

Elle avait appris à le surveiller du coin de l'œil, levant à peine le nez de son ouvrage. Et puis, pas besoin de montre. Elle savait quand il lui fallait aller nourrir les volailles, préparer le dîner. Elle savait quand Baptiste rentrait. Souvent Cécile venait lui tenir compagnie. Elle apportait sa couture, et en même temps les dernières nouvelles du village. C'est ainsi qu'un jour elle lui dit, sur le ton de la conversation bien sûr, qu'il lui semblait bien avoir aperçu Baptiste discutant avec Germaine Richard, près de la vigne. Plusieurs fois au cours des mois qui suivirent, Cécile fit quelques autres " discrètes " allusions. Puis elle n'en parla plus. Mais alors Angèle savait. Elle ne disait rien. Peu à peu elle s'était habituée. Sans même avoir eu à y réfléchir, elle avait décidé de ne jamais en parler à Baptiste, ni à personne. C'était sa dignité. Cela avait duré jusqu'à ce que Baptiste tombe malade pour ne plus jamais se relever. Cela avait duré près de vingt ans. Son seul regret, disait-elle parfois, était de n'avoir pas eu d'enfants. Elle ne mentait pas. Encore une raison de détester la Germaine Richard d'ailleurs, car elle, elle avait un fils, né peu de temps après la mort de son père; Edmond Richard, un colosse aux yeux et aux cheveux noirs avait été emporté en quelques semaines par un mal terrible, dont personne n'avait jamais rien su. Le fils Richard, on ne le connaissait pas à Sainte-Croix. Il avait été élevé par une tante, à Angers. Un jour cependant, c'était juste avant que Baptiste ne tombe malade, il était venu voir sa mère. Cécile était là, bien sûr, puisque Cécile est toujours là où il se passe quelque chose. Elle lui avait trouvé un air niais, avec ses grands yeux bleus délavés. Angèle en avait semblé toute retournée.

Cécile était partie maintenant. La nuit était tombée. Angèle fit un peu de vaisselle. Elle lava quelques tasses, puis la vieille cafetière blanche, maintenant inutile, puisqu'Angèle ne buvait jamais de café. Elle la rangea tout en haut du bahut. Sous l'évier, elle prit quelques vieux pots à confiture vides. À quoi bon faire des confitures, elle en avait un plein buffet. Elle prit également quelques torchons, un paquet de mort-aux-rats aux trois-quarts vide, et s'en alla mettre le tout aux ordures. Il y avait bien vingt ans qu'on n'avait pas vu un rat dans la maison.

Pascal Mérigeau
Quand Angèle fut seule..., 1983

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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeMer 21 Sep - 16:58

Du temps que j'étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s'asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu'au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.

Comme j'allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d'un arbre vint s'asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d'une main,
De l'autre un bouquet d'églantine.
Il me fit un salut d'ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.

A l'âge où l'on croit à l'amour,
J'étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s'asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il était morne et soucieux ;
D'une main il montrait les cieux,
Et de l'autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu'un soupir,
Et s'évanouit comme un rêve.

A l'âge où l'on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s'asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.

Un an après, il était nuit ;
J'étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s'asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d'épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.

Je m'en suis si bien souvenu,
Que je l'ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C'est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J'ai vu partout cette ombre amie.

Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J'ai voulu m'exiler de France ;
Lorsqu'impatient de marcher,
J'ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d'une espérance ;

A Pise, au pied de l'Apennin ;
A Cologne, en face du Rhin ;
A Nice, au penchant des vallées ;
A Florence, au fond des palais ;
A Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;

A Gênes, sous les citronniers ;
A Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l'Atlantique ;
A Venise, à l'affreux Lido,
Où vient sur l'herbe d'un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;

Partout où, sous ces vastes cieux,
J'ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d'une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M'a promené sur une claie ;

Partout où, sans cesse altéré
De la soif d'un monde ignoré,
J'ai suivi l'ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J'ai revu ce que j'avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;

Partout où, le long des chemins,
J'ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j'ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;

Partout où j'ai voulu dormir,
Partout où j'ai voulu mourir,
Partout où j'ai touché la terre,
Sur ma route est venu s'asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j'aime la Providence.
Ta douleur même est soeur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l'Amitié.

Qui donc es-tu ? - Tu n'es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m'avertir.
Tu vois mes maux (c'est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t'appeler.
Qui donc es-tu, si c'est Dieu qui t'envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !

Ce soir encor je t'ai vu m'apparaître.
C'était par une triste nuit.
L'aile des vents battait à ma fenêtre ;
J'étais seul, courbé sur mon lit.
J'y regardais une place chérie,
Tiède encor d'un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.

Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d'amour.
Tout ce passé me criait à l'oreille
Ses éternels serments d'un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du coeur par le coeur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !

J'enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu'ici-bas ce qui dure,
C'est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d'oubli.
De tous côtés j'y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.

J'allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J'allais le rendre, et, n'y pouvant pas croire,
En pleurant j'en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t'en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n'aimais pas ?

Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce coeur de glace
Emportez l'orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m'avez fait.

Partez, partez ! la Nature immortelle
N'a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n'a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j'ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m'aimes-tu ?

Mais tout à coup j'ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j'ai vu passer une ombre ;
Elle vient s'asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j'aperçois dans ce miroir ?

Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n'a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l'ombre où j'ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu'as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n'apparais qu'au jour des pleurs ?

LA VISION

- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l'ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j'aime, je ne sais pas
De quel côté s'en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.

Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m'as nommé par mon nom
Quand tu m'as appelé ton frère ;
Où tu vas, j'y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j'irai m'asseoir sur ta pierre.

Le ciel m'a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
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Sash'
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitimeSam 26 Nov - 14:46

Premier avertissement : Merci de relancer ce topic au plus vite ( avec une autre nouvelle ) avant que je l'archive ^^ . Si tu n'as pas d'autres idées, merci de me l'indiquer pour que je l'archive + plus vite.
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MessageSujet: Re: [FIC] nouvelle à chute 1   [FIC] nouvelle à chute 1 Icon_minitime

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